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Alignement des planètes, conjonction
des facteurs de soutien : autant de
qualificatifs qui ont fleuri récemment
pour caractériser l’environnement
économique actuel.Où en sommes-nous
à la mi-année ?
L’économie de la zone euro a
effectivement su profiter au premier
trimestre de la baisse simultanée du
prix du baril, de l’euro et des taux
d’intérêt. Les perspectives de croissance
ont donc été revues en hausse,mais
le retournement récent sur l’euro et
le pétrole ont modéré l’optimisme et
posent la question de la durabilité de
cette amélioration.Nous restons pour
notre part confiants quant au fait que la
reprise du crédit dans la zone euro va
permettre à la dynamique domestique de
se renforcer et à la croissance européenne
de répondre aux attentes. Par ailleurs, au-
delà du soutien de la politique monétaire
durablement accommodante, un relais
à l’exportation pourrait se matérialiser,
dans la lignée du renforcement de la
croissance américaine.Contrairement
à la zone euro, les Etats-Unis n’ont
effectivement pas profité de la manne
pétrolière, les ménages préférant sur cette
première partie de l’année épargner et
se désendetter.Au terme d’un hiver très
rigoureux, et de grèves qui ont ralenti
l’activité commerciale, l’économie
américaine devrait pouvoir s’appuyer au
deuxième semestre sur une accélération
de la consommation, stimulée
notamment par une amélioration de
l’emploi. L’année 2015 devrait donc
renvoyer l’image d’une croissance
modeste, qui dans un contexte monétaire
toujours accommodant, reste compatible
avec de belles performances boursières.
Vous privilégiez principalement les
actions des pays développés.Au sein
même des actions, quels sont les paris
initiés dans les portefeuilles ?
Depuis 2008, les banques centrales
ont inondé les marchés de liquidités,
et permis une appréciation de
l’ensemble des classes d’actifs jusqu’à
des niveaux parfois extrêmes. Même
si la fragilité de la reprise mondiale
permet d’anticiper que la liquidité
restera abondante ces prochaines
années, les obligations nous semblent
être la classe d’actif la plus vulnérable
à toute inflexion. Nous privilégions
donc les actions, et particulièrement
les actions de la zone euro.Au-delà
des fondamentaux économiques qui
s’améliorent, leur valorisation relative
reste attractive et continuera de
profiter de la visibilité et de la stabilité
de la politique monétaire de la BCE.
A l’inverse, les actions américaines ne
représentent qu’une part marginale
de nos portefeuilles, parce qu’elles
pourront difficilement maintenir leurs
marges, compte tenu notamment des
pressions salariales qui s’intensifient.
Les valorisations, tout comme les
flux qui s’y sont déjà massivement
investis l’an dernier, ne sont pas non
plus des soutiens. Sur le Japon, nous
ne comptons pas spécialement sur
d’éventuelles mesures supplémentaires
de la Banque Centrale et leur impact
sur une baisse supplémentaire du yen,
mais plutôt sur une gouvernance
d’entreprises qui lentement s’améliore,
ainsi que sur les flux provenant des
fonds de pension locaux. Nous
renforçons donc progressivement
ce poste. Nous restons positionnés
sur la Chine, malgré les bonnes
performances récentes, pour profiter
des changements structurels en marche
ainsi que des valorisations toujours
attractives.
En termes de styles, une diversification
importante reste de mise. Nous
attendons d’avoir des signaux tangibles
de reprise de l’investissement pour
adopter un biais plus cyclique dans nos
portefeuilles.
L’appétence au risque ressurgit au vu
des flux sur les actions américaines puis
européennes.Votre clientèle juge-t-elle
le moment opportun pour un retour sur
les actifs risqués ?
En effet, nos clients plébiscitent les
actions depuis le début de l’année,
mais par le biais de nos fonds flexibles,
notamment les plus défensifs. La
diversification et la flexibilité qu’ils y
trouvent leur permet d’appréhender
plus sereinement la période de
volatilité qui se profile sur ces
prochains trimestres. Notre discours
et notre positionnement demeurent
cependant positifs car nous croyons
au potentiel de hausse des actions,
notamment européennes, pour cette
fin d’année 2015.
L’avis de Marc Terras, Directeur de la Gestion Long Only de Rothschild
HDF Investment Solutions
« Nous privilégions les actions, principalement sur la
zone euro, sur certaines zones émergentes et dans
une moindre mesure au Japon. »
Dans le cadre de ce dossier spécial « Marchés développés » nous avons souhaité donner la parole à un allocataire d’actifs au
travers de son analyse Top-Down. L’occasion de faire un point d’étape avec Marc Terras.
Propos recueillis le 19 mai 2015.