Parole d’expert
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Les rendements sont remontés dans le
monde entier en mai et notamment en
Europe, ce qui suscite de nombreuses
interrogations de la part des investisseurs.
D’où pensez-vous que viendra la
volatilité à l’avenir, quelles sont vos
anticipations ?
Avril et mai ont été riches en
événements pour le marché obligataire
en Europe, où l’on a pu voir un rebond
sensible du rendement des Bunds, et
au-delà, des bons duTrésor américain et
des Gilts.Cette tendance a été favorisée
par des facteurs techniques, notamment
des positions tendues et un calendrier
d’émissions chargé face à un marché très
peu liquide.
L’évolution du marché a démontré
que la reprise cyclique était en marche,
mais il se peut que l’Europe ait du
mal à relancer sa demande intérieure à
travers les dépenses des ménages et des
entreprises. En favorisant la baisse de
l’euro, le « policy
mix » actuel rend
en effet l’Europe
dépendante de ses
exportations, la
croissance risque
donc d’être assez
modeste par rapport
aux cycles précédents.
Ainsi, les taux de la zone euro devraient
se stabiliser et les rendements des Bunds
évoluer dans une fourchette étroite d’ici
la fin de l’année.
En revanche, la saga grecque est à nos
yeux loin d’être terminée et la situation
nécessite une certaine prudence, la
probabilité d’un regain de volatilité et
d’une propagation aux emprunts d’États
périphériques n’étant selon nous pas
négligeable.Après avoir surpondéré avec
succès la dette souveraine périphérique,
nous avons donc décidé d’alléger notre
exposition début mai, en attendant que la
situation s’éclaircisse.
Au regard de l’affaiblissement structurel
de l’euro, quelles sont selon vous les
perspectives du crédit Investment Grade
européen ?
En Europe, le crédit Investment
Grade a bien résisté aux perturbations
du marché des emprunts d’État,
notamment grâce à la publication de
statistiques macroéconomiques en
hausse dans la zone euro. Étant donné
que la BCE continue d’injecter des
liquidités abondantes et compte tenu des
fondamentaux solides des entreprises et
des signes d’embellie macroéconomique,
le crédit européen devrait continuer
à enregistrer des
performances solides
et à rémunérer
largement les
investisseurs en
quête de rendement.
Dans cet objectif,
nous nous appuyons
particulièrement sur notre recherche afin
de dénicher les meilleures opportunités.
Dans l’univers d’investissement du crédit
européen, nous privilégions notamment
les titres BBB, ainsi que les titres dits
« Crossover » (HighYield de qualité
minimum BB-) qui possèdent selon
nous des perspectives de rehaussement
Entretien avec David Simner
Gérant des fonds FF Euro Bond Fund et FF Euro Corporate Bond Fund
« Le crédit européen devrait continuer à enregistrer des
performances solides »
Après une année 2014 particulièrement favorable aux titres souverains, la hausse des rendements des Bunds du mois de
mai a surpris nombre d’investisseurs. Au-delà des facteurs techniques inhérents à ce mouvement, demeurent des risques
macroéconomiques et politiques à ne pas négliger. Mais il apparait également judicieux de s’attacher aux fondamentaux,
notamment ceux que présente le crédit européen.
en catégorie Investment Grade. À
titre d’exemple dans cet univers, nous
pouvons citer Renault,Wendel ou
Heidelberg Cement.
Au niveau des secteurs, nous
surpondérons toujours la finance, qui
bénéficie d’un soutien technique de taille
avec les lignesTLTRO et la diminution
des émissions de dette bancaire senior.
La liquidité est redevenue l’un des risques
majeurs sur les marchés obligataires.
Comment vous positionnez-vous dans ce
contexte ?
Le risque de liquidité est sous-estimé
dans un environnement monétaire et
réglementaire changeant. Et pourtant
des dégagements massifs sur les marchés
obligataires, comme en avril,montrent
que le rééquilibrage des portefeuilles
entraîne une grande volatilité.
L’offre négative sur le marché des Bunds
a été un facteur technique favorable
pour les obligations européennes ; et
la surpondération des portefeuilles en
duration a porté ses fruits au premier
trimestre.Mais la hausse des rendements
des Bunds en avril nous a incités à
adopter une position plus neutre.
L’avenir présente un calendrier de
remboursements bien rempli au niveau
des emprunts d’États de la zone Euro.
Cet été,le mois de juillet est le plus
chargé avec notamment 23 milliards
d’euros d’échéances à honorer sur les
Bunds,ce qui devrait soulager un peu les
rendements dans la mesure où la BCE va
maintenir ses achats mensuels d’emprunts
d’États à 42 milliards d’euros environ.
Dans l’univers d’investissement
du crédit européen, nous
privilégions notamment les
titres BBB, ainsi que les titres
dits « Crossover »
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