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L’élection de DonaldTrump a
créé un déclic psychologique chez
les investisseurs. Ces derniers sont
désormais convaincus par un scénario
qui semblait peu probable jusque-là :
celui d’une accélération de la croissance
américaine concomitante à une
accélération de l’inflation.
Il faut dire que, contre toute attente,
un vent d’optimisme chez les agents
privés s’est installé outre-Atlantique.
La confiance des consommateurs a
ainsi bondi au mois de décembre à
un plus haut depuis 2007, de même
que l’indice d’optimisme des petites
entreprises qui a retrouvé son niveau le
plus élevé depuis 2004.
Vers une accélération de l’emploi grâce
aux petites entreprises ?
Séduites par le pragmatisme de l’homme
d’affaires qu’est DonaldTrump et
accueillant très favorablement les
annonces de baisse des taxes, les petites
entreprises ont retrouvé en décembre
les mêmes perspectives d’embauche
pour les 3 prochains mois que début
2007.
Ce changement d’état d’esprit semble
déjà porter ses fruits, puisque les créations
de poste ont de nouveau accéléré en
janvier après une fin d’année poussive
(227 mille créations contre seulement
157 mille en décembre).
Pouvoir d’achat : les salaires vont-ils
s’envoler ?
Autre facteur positif, l’accélération du
salaire horaire observée au mois de
janvier (+2,5 % par rapport à janvier
2016) rend un peu plus crédible
l’hypothèse d’un retour de l’inflation
et d’une hausse de la consommation
des ménages.
Il faudra pour cela que les ventes
au détail poursuivent leur bonne
dynamique affichée en début d’année :
+5,6 % pour le total et +5,2 % hors
ventes de véhicules sur un an, portée
notamment par une progression
encourageante des dépenses de
consommation dans les bars et
restaurants (+5,7 %).
Consommation des ménages : des
signaux qui restent contradictoires
Il convient toutefois de nuancer ces
bons chiffres. En effet, la progression
du revenu disponible des ménages en
volume continue de ralentir depuis
début 2015, à +2,1 % en décembre
2016 contre +4,7 % fin 2014…
En outre, certaines composantes des
ventes au détail hors automobile
offrent une vision là aussi plus
nuancée. Près de 44 % de la
progression de celles-ci sur un an
correspond à de la consommation
subie, reposant sur une augmentation
des dépenses de santé (+8,5 % sur
un an en janvier) et de celles en
carburant (+14,2 %).
Par ailleurs, la brutale et récente chute
des demandes de prêts hypothécaires
et de refinancement illustre bien la
sensibilité exacerbée des ménages
américains et de l’économie réelle à
la partie longue de la courbe des taux.
Ainsi, une accélération de la distribution
de crédits à la consommation semble
peu probable alors que les taux ont
repris 100 points de base en 6 mois.
Il parait donc encore prématuré
de considérer comme acquise une
accélération de la demande interne
outre-Atlantique dans les mois qui
viennent.
Entreprises : entre cadeau fiscal et
hausse du dollar
L’élection de DonaldTrump s’est
également accompagnée d’un vent
d’optimisme, avec un ISM manufacturier
en progression de +4,0 points depuis
octobre (à 56,0 en janvier).
Autre facteur de soutien, l’espoir d’une
baisse substantielle des taux d’imposition
sur les sociétés à 20 % pourrait apporter
près de 10 % de profits supplémentaires
outre-Atlantique.
Seule ombre au tableau, mais de
taille, la hausse du dollar pourrait
contrebalancer à la marge ces éléments
positifs et pénaliser les chiffres d’affaires
des entreprises.
Les marchés financiers intègrent déjà
les bonnes nouvelles
Au final, si l’avènement de Donald
Trump au pouvoir devrait permettre
aux États-Unis d’afficher une croissance
en 2017 supérieure au +1,6 % de 2016,
il parait encore largement prématuré
d’envisager un retour prochain sur ses
niveaux d’avant crise.
Dans ce contexte, l’absence de
véritables pressions inflationnistes
devrait permettre aux taux longs de
se stabiliser autour des niveaux actuels
(2,5 %), au même titre que les marchés
d’actions qui intègrent déjà dans les
cours boursiers les cadeaux fiscaux
promis par le nouveau gouvernement.
L’avis de
Pierre Sabatier
, Président fondateur et Directeur des études
économiques et financières de PrimeView
Jusqu’où peuvent aller les États-Unis de Donald Trump ?
L’année 2017 débute sur le plan économique par un vent d’optimisme venu des États-Unis. Les promesses faites par
Donald Trump d’une relance de l’investissement et des baisses d’impôt massives ont été bien accueillies par les marchés
financiers et ont permis d’accentuer le retour de l’inflation à l’échelle mondiale à travers le prix des matières premières.
Pour que cela soit durable, il faudra désormais que le nouveau président américain ne déçoive pas.
Hausse du salaire horaire observée
au mois de janvier
par rapport à janvier 2016
+2,5 %