Perspectives N°4 - EUROPE - Un alignement de facteurs favorables - page 6

Dossier Marchés
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Quel regard
portez-vous
sur le contexte
actuel, en tant
que « stock-
picker »?
Nous vivons en
plein paradoxe.
Côté verre
à moitié vide, le contexte européen
demeure déprimé comme en attestent
nombre d’indicateurs avancés macro-
économiques. L’Europe est en stagnation
sur fond de confiance en berne des
agents économiques et de réformes en
panne, à l’inverse des Etats-Unis. Du côté
du verre à moitié plein, le potentiel de
rebond des actions européennes pourrait
bien passer par des
bénéfices par actions
en marche vers leur
moyenne de long terme.
En tout état de cause,
au sein d’une allocation
d’actifs, les actions
demeurent à privilégier.
Pour certains, « un choix par défaut » dans
un environnement de taux bas avec une
véritable course au zéro rendement sur
le monétaire ou les dettes souveraines.
Je dirais plutôt « un choix réaliste »
avec plus de 3,5 % de rendement des
dividendes sur les actions européennes.
Je vois également des raisons d’espérer
lorsque j’observe la sous-pondération des
actions européennes dans les portefeuilles
d’actions globales.
mieux encore, si la production est réalisée
en zone euro et la vente en zone dollar –
par exemple Zodiac –, l’effet de levier sur
le résultat est d’autant plus notable. La
baisse de l’euro est un atout conjoncturel
dans la course à la compétitivité dans
laquelle nous nous trouvons aujourd’hui.
Enfin, sur la question du pétrole, une
baisse de 10 % du pétrole apporterait 0,1
point de PIB au travers de la hausse de
la consommation et des investissements
en Europe. Nous en sommes à 50 % de
baisse… soit définitivement une bonne
nouvelle. Ma crainte ? L’effet déflationniste
induit contre lequel la BCE tente justement
de faire face par l’expansion de son bilan.
Comment pilote-t-on dès lors son
portefeuille d’actions européennes ?
Je fais le constat suivant s’agissant des
actions européennes : nous évoluons dans
un univers en manque de croissance, en
manque de rendement et en manque de
visibilité. Sur ces bases, j’adapte ma gestion
en recherchant des sociétés décorrélées
du cycle économique, des sociétés de
qualité favorisant l’actionnaire au travers du
dividende et des entreprises qui bénéficient
d’une bonne régularité sur leurs résultats.
Ma philosophie d’investissement reste
la même depuis que je gère des fonds
d’actions européennes : du «
stock-
picking
», en comprenant bien le constat
macroéconomique mais sans jouer ces
scénarios
stricto sensu
. La BCE a clairement
un impact sur les marchés ; la grande
question est de savoir si l’impact aura lieu
sur l’économie réelle.
Justement, que penser du triptyque
« dollar / pétrole / BCE » ?
Concernant l’assouplissement quantitatif
mis en place par la BCE, l’optimisme suscité
par la création de conditions favorables à
une reprise de la confiance - et de fait, de
l’activité - ne doit pas laisser place à un
laxisme sur le plan des réformes. C’est une
condition nécessaire mais pas suffisante
pour la création d’un cercle économique
vertueux. D’ailleurs, la BCE a déjà réussi son
pari : la volonté des banques de prêter est à
la hausse, mais surtout elle s’accompagne
déjà d’une demande croissante de crédits.
Attention néanmoins au mirage d’un mini-
cycle basé sur l’endettement mais pas sur
une demande réelle.
Sur la question du dollar et du pétrole, les
conditions d’une navigation
avec le vent dans le dos sont
désormais réunies. Il n’est
pas rare que je rencontre
des sociétés exposées
très fortement au dollar au
niveau de leurs activités.
D’ores et déjà, les analystes
révisent leurs prévisions sur ces sociétés,
notamment dans le luxe, l’aéronautique
ou les pharmaceutiques. La sensibilité
aux variations du dollar des sociétés
européennes n’est pas anodine. Pendant
longtemps, nos sociétés disposant de filiales
à l’international ont eu le vent de face. La
donne a changé : on attend pour certaines
déjà dans leurs résultats – notamment
L’Oréal qui produit et vend aux Etats-Unis –
cette appréciation du dollar face au l’euro. Et
Les conditions
d’une navigation
avec le vent dans le
dos sont désormais
réunies
permis de conclure que pour chaque
baisse de 10 % des prix du pétrole, les
résultats des entreprises européennes
croissent de 2 %.
Cela conforte l’attractivité croissante des
entreprises européennes qui bénéficient
déjà de niveaux de PE (cours sur
bénéfices) faibles et de dividendes
élevés en comparaison des entreprises
américaines et du reste du monde.
De plus, d’un point de vue technique,
le poids des actions européennes,
ayant atteint un point bas au sein des
allocations actions mondiales, offre
une opportunité de bénéficier d’un
inévitable regain d’intérêt pour cette
classe d’actifs.
«
Il souffle sur la zone euro un vent
d’optimisme que l’on avait plus ressenti
depuis longtemps. Non content d’agir sur
les baromètres du moral des entrepreneurs
ou de confiance des ménages, la baisse
concomitante de l’euro et des prix du
pétrole donne aux investisseurs des raisons
d’espérer en la reprise.
»
David Ganozzi.
Enfin, cette accumulation de facteurs
positifs ne dispense pas l’investisseur
d’une sélection rigoureuse. Bien au
contraire, l’éclaircie macroéconomique
à laquelle nous assistons va logiquement
conduire les marchés à faire preuve de
plus de discrimination qu’ils ne l’ont
fait ces dernières années.
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