La situation inédite
de l’économie mondiale
Le contraste qui prévalait avant
le statu quo de la FED, entre
la confiance en la vigueur des
fondamentaux dans les pays
développés et les inquiétudes face
au ralentissement de la Chine et des
pays émergents, fait peu à peu place
au doute sur la croissance mondiale
elle-même. Il est vrai que la reprise
économique est inhabituellement
peu vigoureuse. La faute aux pays
émergents ? Pas seulement, l’Europe
hors Royaume-Uni restant engluée
dans la morosité économique et
politique. Plus globalement, si
l’on observe les six pays les plus
développés, leur taux de croissance
reste bien inférieur à celui des cycles
précédents.
Dossier Marchés
4
Stagnation
séculaire :
la nouvelle donne
Si l’on en croît les propos de Janet Yellen le 16 septembre dernier, lors de l’annonce du statu quo de la FED, c’est le contexte
de croissance mondiale et d’inflation trop faibles qui a prévalu dans sa décision de ne pas augmenter les taux directeurs de la
Réserve Fédérale. Or cette décision n’a peut-être pas pour seules conséquences de préserver la croissance mondiale, ce qui
est une saine motivation, ou de provoquer un accès de volatilité des marchés, qui n’est qu’un épiphénomène dû à l’humeur
des investisseurs. Une théorie nous permet en effet de voir dans les flux de liquidités bénéficiant à l’épargne au détriment
de l’investissement, la persistance annoncée de ce contexte déflationniste, de croissance et de taux faibles auxquels les
investisseurs devraient donc s’accommoder pour quelques années encore. Cette théorie est celle de la stagnation séculaire.
L’autre fait caractéristique de la
situation exceptionnelle que nous
vivons et qui tend à fortement
compliquer la vie des investisseurs,
est la persistance des taux bas, des
rendements obligataires comme
des taux directeurs. Cet état de fait
s’explique notamment par la faiblesse
de l’inflation, qui justifie une moindre
exigence des investisseurs en termes
de rendements nominaux.
Cette inflation, initialement issue de
la baisse des coûts de l’énergie et des
matières premières, risque fortement
d’être aggravée par les pressions
déflationnistes au sein des pays
émergents; la baisse des prix faisant
également ressentir ses effets sur les
produits exportés.
Mais l’inflation n’explique pas tout,
et si on l’élimine de l’équation on
constate que les taux demeurent
historiquement bas, partout dans
le monde. Preuve qu’un autre
phénomène concourt au contexte
dans lequel nous évoluons…
Croissance du PIB nominal en devise locale des pays du G6
-4
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0
2
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8
10
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1980 1984 1988 1992 1996 2000 2004 2008 2012 2016
Croissance annuelle du
PIB nominal (%)
Croissance moyenne sur 5 ans du PIB
nominal des pays du G6
Croissance du PIB
nominal des pays du G6
Source : Minack Advisors, septembre 2015 ; Note : les taux de croissance du PIB sont nominaux, en devise locale et pondérés par le volume
du PIB en dollar américain