Perspectives N°6 - Stagnation séculaire : la nouvelle donne - page 7

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L’assurance-vie a bâti le succès qu’on
lui connaît sur un rendement garanti
au travers du fonds en euros. La baisse
tendancielle du taux de rendement ne
va-t-elle pas à terme détourner les
clients de ce placement ?
Prenons les trois acteurs clés de ce marché.
Du côté des assureurs tout d’abord,où la
réglementation Solvency 2 en application
au 1er janvier 2016, va mobiliser de
plus en plus de capital et de fait va avoir
un impact direct sur leurs indicateurs
financiers. Les distributeurs ensuite, qui
vont devoir faire preuve d’une nécessaire
pédagogie pour expliquer à leurs clients
que la garantie sur les sommes investies
au sein du fonds en euros ne sera plus
désormais nette de frais
de gestion mais bel
et bien brute.Quant
au client final, on
peut parler d’un
« choc » dans la
culture française
de l’épargne car
la performance de leurs fonds va
continuer à décroître significativement.
Néanmoins, l’encours de l’assurance-
vie continue de progresser.Notre
indicateur sur la proportion d’unités
de compte (U.C.) dans les portefeuilles
est révélateur de l’appétence toujours
vive pour l’assurance-vie dynamique.
Nous sommes aujourd’hui sur 32 %
d’U.C. chez Generali et ambitionnons
une part qui pourrait avoisiner les 40 %.
Un autre élément symptomatique de
la prise de conscience du client vis-à-
vis d’une nécessaire reprise de risque
dans son portefeuille nous est apparu
ces derniers mois. Les atermoiements
boursiers de cet été n’ont pas provoqué,
comme systématiquement jusque-là,
un rapatriement des U.C. vers le fonds
en euros.On perçoit une prise de
conscience de l’épargnant :
un placement dans des actifs de
diversification, quoique plus risqués,
s’envisage désormais progressivement et
sans considération des plus hauts ou plus
bas des marchés financiers.
La diversification des actifs au sein de
l’enveloppe assurance-vie est donc au
cœur de vos préoccupations. Quelles
options proposez-vous désormais à vos
partenaires pour les accompagner dans
ce nouvel environnement ?
Certains assureurs-vie ont fait le choix
du fonds euro dynamique avec des taux
de rendement envisagés autour de 4 à
5 % garantis.Nous en avons un chez
Generali, le fonds Elixence, pour lequel
nous ouvrons chaque
année une enveloppe
limitée.Mais à mon
sens, ces fonds n’ont
pas vocation à grossir
fortement du fait de la
contrainte en capital
qu’ils nécessitent pour l’assureur et de
la prise de risque qu’ils représentent. Ils
demeurent des fonds essentiellement
d’appel au sein d’une stratégie de
conquête. Pour notre part, nous
privilégions davantage les fonds
« croissance » avec leur garantie totale ou
partielle à terme.Nous ambitionnons
par ce biais de faire évoluer les clients
averses au risque et investis en totalité sur
le fonds en euros, à reprendre un peu de
risque pour dynamiser leur rendement.
Chez Generali, les durées de détention
s’échelonnant de 8 à 30 ans, les
épargnants disposent du temps nécessaire
pour voir fructifier leur placement,
avec toutefois une garantie du capital
à terme, totale ou partielle selon leur
préférence, tout en pouvant sortir à tout
moment par arbitrage ou rachat.Nous
considérons l’euro croissance comme
le troisième pilier de l’assurance-vie
aujourd’hui. Et comme tout nouvel
outil de gestion patrimoniale, il nécessite
un accompagnement de notre part
auprès de nos distributeurs CGPI et
banquiers privés.
L’accompagnement semble plus que
jamais au cœur des considérations des
fournisseurs vis-à-vis de leurs clients.
Comment envisagez-vous par exemple
une relation « idéale » entre un
assureur-vie et une société de gestion ?
Il faut véritablement remettre le client
au centre de nos activités.En tant
qu’assureur-vie,nous offrons à nos
partenaires CGPI ou banquiers privés
un large choix d’offres en OPC,OPCI,
SCPI,produits structurés,voire ETF.
Nous permettons également,en jouant
le rôle d’intermédiaire,de faciliter les
modes de gestion :pilotée sur internet,
sous mandat en banque privée ou
conseillée chez nos partenaires CGPI.
Nous innovons également au travers de
solutions de souscription dématérialisée
et la future mise en place de la signature
électronique pour d’autres actes en ligne,
comme les versements ou arbitrages.
S’agissant de nos relations avec les asset
managers,nous attendons plus que
jamais l’expression de leurs convictions
d’investissement à l’achat mais également
à la vente,ou prise d’intérêts,d’outils
pédagogiques à l’attention du distributeur
et pour le compte du client final.A l’aube
de l’ère digitale,le discours devrait être
plus concis,moins jargonneux et devrait
faire la part belle à une infographie
plus en lien avec les modes de lecture
des clients d’aujourd’hui (NDLR :sur
mobiles et tablettes).
L’avis de
Sonia Fendler
, Membre du comité exécutif de Generali
France, en charge de la clientèle patrimoniale
« Reprendre du risque et retrouver une visibilité
de long terme »
L’assurance-vie constitue un pilier toujours solide de la gestion de son patrimoine. A travers elle, le fonds en euros demeure
une pierre angulaire. La baisse de ses rendements ouvre la porte à de nouveaux challenges pour l’épargnant. Qu’en est-il
aujourd’hui ? Eléments de réponse avec Sonia Fendler de Generali France.
Article finalisé le 30 octobre 2015.
Crédit photo : Rémy Deluze
Ne plus détenir d’unités
de compte dans son
assurance-vie paraît
impensable aujourd’hui
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